Rio Baril / Album Florent Marchet
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Sortie le 8 janvier 2007
4 titres coécrits avec Arnaud Cathrine
Conception et mise en scène du spectacle de la tournée : Arnaud Cathrine et Florent Marchet
les bonnes écoles (Arnaud Cathrine/Florent Marchet - Florent Marchet)
les bonnes études les bonnes rencontres la vie est rude on joue la montre
souvent c'est cuit
mais on espère le bon QI le bon salaire
le bon chemin les bonnes godasses on se retient dans la mélasse
les bonnes démarches le bon public monter les marches aux assedics
les bonnes écoles
les bons voyages les bonnes lectures les enfants sages en devanture
la vie facile les bons combats le vote utile les bras en croix
et les bons coups oh excuse-moi sans doute ne suis-je pas de ceux-là
les bons produits les bonnes dérives c'est le cambouis qui nous lessive
les bonnes écoles
le bon cheval tenter sa chance mais on s’installe sans résistance dans l’écurie la plus pourrie qu’est-ce qui nous manque c’est pas l’envie...
les cachets (Arnaud Cathrine - Florent Marchet)
lisez attentivement l’intégralité de cette notice elle contient des informations importantes sur votre traitement si vous avez un doute, demandez ce médicament vous a été personnellement prescrit à vous ne le donnez jamais à quelqu’un d’autre vous êtes malade à vous pas à quelqu’un d’autre vous êtes malade gardez cette notice vous pourriez avoir besoin de la relire
vous êtes prazépam 10 mg lactose cellulose monohydraté stéarate de magnésium lithium amidon de maïs risperidone métopimazine plus paroxetine laque aluminium d’indigotine silice colloïdale une prise avant le coucher ou pendant le dîner
attention : chez certains sujets ce médicament peut provoquer des réactions contraires à l’effet recherché
insomnie agitation hépatite mouvement involontaire de la face modification de la conscience embarras au contact des organes génitaux des animaux domestiques allant jusqu’à l’impuissance goût prononcé pour la variété française tentative de putsch fait divers ibiza défenestration
ça va aller tout acte médical, même conduit avec compétence et dans le respect des données acquises de la science, comporte un risque des complications imprévisibles sont possibles ça va aller d’une façon générale, les relations humaines intenses et intimes sont déconseillées pendant le traitement si vous constatez que vous êtes enceinte, avortez tout va bien signez là calmez-vous signez vous êtes malade en cas de doute tirez le masque vers vous et respirez profondément suivez les bandes lumineuses vers les issues de secours situées au centre de l’appareil vous retrouverez ces informations dans le fascicule situé à l’avant de votre siège lisez attentivement l’intégralité de cette notice gardez la vous pourriez avoir besoin de la relire nous vous souhaitons un bon vol en notre compagnie...
on a rien vu venir (Arnaud Cathrine/Florent Marchet - Florent Marchet)
t’as vu les infos ? c’est pas vrai ? c’est dingue ! j’y crois pas ! arrête ? non, tu déconnes… c’est pas possible ? putain… tu rigoles ? je m’en fous, je vois pas qui c’est tu me l’apprends mais je suis pas surpris j’en étais sûr ! j’y crois pas ! c’est horrible, hein ? attends, y a encore plus drôle comme quoi, y a pas de fumée sans feu les chiens ne font pas des chats il manquerait plus qu’il s’en sorte au village, c’est la stupéfaction j’y crois pas ! il n’aurait jamais dû revenir je l’ai pas reconnu maintenant, il doit payer
on a rien vu venir
il faudrait être plus ferme tout se joue à l’école moi, je me suis toujours méfié y a pas assez de contrôle et tous ces mômes dehors j’y crois pas ! c’est pas la première fois dans la famille moi, je me suis toujours méfié les caméras de quartier, c’est bien les juges bouffent à tous les râteliers il était comme les autres maintenant il doit payer
on a rien vu venir
ils l’ont poussé à bout c’est bien le système français c’est de naissance, on peut rien y faire je l’ai su avant, mon père est flic c'est comme le cousin à ma mère l’autre avec sa tête de fou ? après, y a eu un grand silence…
les visites (Arnaud Cathrine - Florent Marchet)
Le jour des visites, ils m’emmènent dans le grand hall. Elle finira bien par venir, disent-ils. Personne ne vient. Personne ne vient plus. Je refais mes lacets les mains tremblantes, comme les enfants à l’internat attendent leur pauvre mère. Parfois je regarde arriver les visiteurs : ils s’avancent et se penchent vers nous, minables chiots. Ils choisissent le leur et s’éloignent dans le parc, bras dessus bras dessous. Je reste seul.
Vous allez bien, disent-ils. Vous allez mieux. C’est l’été. Ils m’ont coupé les cheveux plus courts encore. La chimie coule dans mes veines. Je dors beaucoup. La vie est moins difficile. Vous n’avez plus mal, disent-ils. Remerciez la chimie. Je ne sais plus pourquoi j’ai voulu sauver ma peau. Je suis un peu encombré avec ce manteau inutile sur les épaules. Vous n’avez plus mal. Si on veut.
J’apprécie l’heure du café. Sur le banc. Mais le jour des visites, ils m’emmènent dans le grand hall.
Elle va bien finir par venir, disent-ils. Il y a longtemps qu’elle n’est pas venue. Il paraît qu’elle a déménagé. Elle m’a envoyé la liste de ce qu’elle a laissé. Je ne sais même plus ce que nous avons acheté ensemble. J’espère qu’elle a tout emporté. Je ne veux rien. Ne dites pas ça, disent-ils. Vous allez bien. Je ne veux pas retourner dans l’appartement. Plutôt crever. Plutôt : Rio Baril.
J’apprécie l’heure du café. Sur le banc. C’est l’été. Ils m’ont coupé les cheveux plus courts encore. Mon crâne en sommeil chauffe au soleil. La chimie coule dans mes veines. Je dors beaucoup. La vie est moins difficile. Ne serait-ce, peut-être, le jour des visites…
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